samedi 25 juillet 2009

"Au début était le verbe", disaient-ils

« Au début était le Verbe », disaient-ils…

« Là où résident les insuffisances d’un homme, il y a place pour l’apparition d’idéaux imaginaires » ( Nietzsche, Fragments posthumes, IV, 3)

Je réponds à l’invitation de Jean-Marie et je me lance avec une « brève », c’est plus facile !

Qu’est-ce qui me fait agir ? Et d’abord, pourquoi agir ? Je pense qu’il faut d’abord faire table rase de tous les concepts, du langage, des présupposés… Par ma Raison (et je mets volontairement une majuscule pour mieux la dégrader ensuite), je ne comprends rien à la vie et d’abord à la mienne. Et cette Raison, je veux d’abord l’écrabouiller sous mes pieds. Je veux bien lui donner la parole après, mais pas avant que le constat de l’Absurde (au sens de ce que je ne comprends pas) n’ait été clairement établi. Pas question de donner une préséance quelconque à la Raison ! Au nom de quoi d’ailleurs ?

Devant un monde absurde que je ne comprends pas, j’essaie de faire mes premiers pas. Je me laisse faire…Qu’est-ce qui m’apporte réellement quelque chose ? Deux choses positives surnagent par pure expérience (sans réflexion) : le regard de l’autre (surtout une femme) qui me regarde, me sourit, me donne vie. Je ne suis RIEN sans ce regard. Tout est relation, mais surtout pas n’importe lesquelles ! Ensuite, la joie de lire, d’apprendre, de demander à mon vis-à-vis : « Et toi, sincèrement, que penses-tu ? ». Et puis, il y a la peur… ! Celle qui me conduit à me taire, à me déguiser pour plaire, à accepter un maître (ou une maîtresse) parce qu’il est doux- au début !- de se faire conduire sans s’interroger. Et puis, il y a le plaisir mauvais de dominer, d’écraser…

« La conscience est née sous la pression du besoin de communication ;… la conscience n’est en somme qu’un réseau de communication entre les hommes ;…le développement du langage et le développement de la conscience (non point de la raison) vont la main dans la main » (Nietzsche, le Gai Savoir,§354). Il faut toujours partir de la conscience (qui n’est pas la Raison, dit Nietzsche bien à propos). Mais qu’est-ce que la conscience ? Est-ce la conscience réflexive dont parle Misrahi à propos de Spinoza ? J’en doute. Ou alors, ce n’est pas qu’une conscience rationnelle…Peut-on être conscient sans mots ? Pour moi, OUI ! Inévitablement, les grands philosophes ont tenté de décrire l’Etre, celui qui se cache derrière le miroir, notre « vraie nature »… ! Tâche impossible ! « La chose en soi », disent Kant ou Schopenhauer… ! Avec ça, je suis bien avancé ! Et pourtant, nous savons bien que le « ressenti « n’est pas la description qu’on essaie d’en donner. Car il n’y a pas de mots (cet instrument imparfait de communication pratique) pour le décrire.

« La lâcheté de la contemplation »… ! Pas d’accord, votre Honneur ;) ! Car la contemplation, c’est avant tout « l’attention à la vie », la « pleine conscience », sans mots. Sans elle, pas de Raison qui tienne ! Mais cette contemplation, ce n’est pas l’espoir d’un éveil mythique, encore moins la vaniteuse impression d’avoir découvert « la chose en soi ». Je crois profondément qu’on ne peut rien fonder par la Raison sans avoir pratiqué ce recul. Je n’accepterai d’ « adorer » la Raison que lorsqu’elle aura été préalablement replacée à sa juste place.

Bon, c’est assez pour une « brève » ! Il faut songer aux fondations avant de bâtir !

Michel

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