jeudi 2 juillet 2009

CAPI 0409 n°22 - Le néant et l'être affamé

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE

Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale

Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,

Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com

Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;

Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.

L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.

Site http://soutien.et.autonomie.free.fr



CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -

SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP



N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?

N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.

N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)

N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)

N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou

N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)

N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI

N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.

N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.

N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"

N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur

N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?

N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque

N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.

N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.

N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.

N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement

N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences

N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes

N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.

N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).

N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé





CAPI – Cahier d'Autoformation et de Pédagogie Institutionnelle du Groupe d'Autoformation Psychosocial - GAP - N°22 -04/2009 – Juill-Août 2009

GROUPE D'AUTOFORMATION PSYCHOSOCIAL



Jean-Marie LANGE



"Nous ne sommes pas prisonniers du passé, ni de notre histoire, ni donc tout à fait de nous-mêmes. Chacun a le choix, sinon de son présent, du moins du chemin qu'il y suit ou, s'il en a le courage, qu'il y ouvre."(André COMTE-SPONVILLE)[1]



Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale

Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,

Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com

Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE:

gap.belgique@skynet.be ; Site http://soutien.et.autonomie.free.fr



LE NEANT et L'ETRE affamé



"Je ne peux accéder au monde que si je coupe le lien du désir, mais je ne peux y accéder qui si je le conserve"(KOAN de CASTORIADIS)[2]



L'aliénation de l'homme par le travail, une conception de Karl MARX, serait-elle peut-être une vision théologique et mystificatrice qui bétonne la résignation ?



Le moi/Je/EGO est une invention du sujet se prenant pour lui, sans tenir compte de son clivage intrinsèque : l'inconscient et aussi de l'altérité radicale de l'autre, l'opacité d'autrui qui n'est pas nous, le "maléfice de l'existence à plusieurs"(MERLEAU-PONTY). De plus, l'homme qui se prend pour quelqu'un prononce des projets dans l'espace social et ceux-ci une fois exprimés lui échappent avec parfois un retournement ironique du sens. "Vanité, tout n'est que vanité", dit L'Ecclésiaste.



Qu'est-ce que l'essence de l'existence du sujet sinon le présupposé d'un sujet infini face à un humain qui ne l'est pas, un principe que réfutent les athées mais qui, malgré eux, englobe la plupart des réflexions dans la transcendance, même pour eux. Existe-t-il un sujet lucide et transparent à soi ? L'illusion transcendantale et cette transparence sont-elles possibles si on prend en compte l'inconscient ? Ou bien ne pourrait-on formuler un méta-point de vue à cette contradiction entre l'essence et l'existence, celui que l'idée même de sujet ne serait que le produit de son activité/ de son action ? (Nos références pour développer cette perspective seront Jürgen HABERMAS, Cornélius CASTORIADIS et Michel FOUCAULT).



Qu'est-ce que le sujet ?



Les psychanalystes (comme LACAN en particulier) disent que l'homme est un manque à être ! Mais manque à être quoi ? Un Dieu ? Qui parle dans cette croyance primitive ? De même, certains bouddhistes avec le concept du non-être opposent le "néant" du sujet à la réalité concrète des choses que nous ne percevons pas. Pourtant, une dialectique être et non-être supposerait un troisième terme comme

l'incompréhension cosmique hors des concepts du temps et de l'espace ? Ou encore des représentations mentales basées sur une métaphysique occultée ? Les Mélanésiens croyaient bien au Dieu CARGO des avions des blancs…avant internet ?

Par exemple, croire à notre époque que les pierres sont effectivement des pierres de matière, c'est dénier le vide moléculaire. Le néant est un concept réflexif, tout comme le non-être suppute l'être tout court: "tout néant est néant de ce qu'il résulte"(KANT).



Par la peur existentielle de notre néantisation définitive, nous nous représentons un être idéal, sans manque et qui serait la plénitude même. Il s'agit bien là d'une projection imaginaire, d'une matérialisation cérébrale fantasmatique qui s'enracine dans le sentiment de toute-puissance de notre être infantile. Le désir démesuré de l'Idéal du moi nous fera dénié et exclure du conscient tout un pan de la réalité vécue considérée comme intolérable qui peut mener des hommes de pouvoir à des génocides, à rêver au prix de millions de mort à un "Reich de mille ans".



L'inconscient est une source inéliminable d'aliénation qui servira de base à l'hétéronomie ou à son dépassement, l'autonomie dans le sens créé par le sujet à être ou à ne pas être sauf dans notre imaginaire. Un très bon film avec Gérard DEPARDIEU "Quand j'étais chanteur"[3] illustre bien ce leurre fait à nous-mêmes par notre imaginaire. A contrario, nous pourrions faire l'hypothèse que non seulement Dieu n'existe pas mais que l'homme et ses fantasmes n'existent pas non plus. Au lieu de mettre l'homme au centre de l'univers, pourrions-nous le voir tel qu'il est, dans son animalité, et cesser de le conceptualiser en fonction d'un sens ou d'un manque de sens ?



Le sujet et son histoire subjective de vie seraient alors toujours un produit/producteur en évolution créatrice par rapport à sa première mouture, la racine de son être qui serait l'aliénation par le fantasme de toute-puissance.



"On ne peut dire du monde qu'il est "manque de sens" sans montrer que l'on continue à prendre ses désirs pour des réalités. "Le monde n'a pas de sens, cette idée ne signifie que sur fond de cette autre, qu'elle présuppose : "le monde pourrait et devrait avoir un sens". Les attitudes les plus sophistiquées de la philosophie la plus "radicale" perpétuent l'infantilisme le plus archaïque. Le monde, objet que l'on nous a donné, n'est pas ce qu'on voulait. Un monde correspondant à notre désir nous était dû. Un tel monde "aurait un sens" – c'est-à-dire viendrait à sa place, dans le terrier phantasmatique creusé par le désir, viendrait s'insérer là où il faut, sans excès ni défaut, dans le schème projectif qui constitue le proto-sujet."[4]



Qu'est-ce que le nombril illusoire de l'univers ?



L'homme est un être de désir qui le signifie et l'objet manquant est le désir toujours insatisfait. Le pari de la raison prenant en compte l'inconscient est de comprendre que le monde n'est pas objet de mon désir mais radicalement autre. Le sens imaginaire premier articulé sur le désir doit disparaître afin que puisse émerger un sens second, nous dit Mélanie KLEIN. Soit une adéquation toujours provisoire, une liaison toujours remise en question entre les produits fragmentaires de ma raison humble et la matière, phénomène vivant à la sensibilité altérante à la place de la rigidification de mon imaginaire aliénant.

C'est ce qu'explique le sociologue Pierre BOURDIEU dans "La misère du monde" : l'enfant qui rate ses études va intégrer en lui l'image de quelqu'un de trop bête pour s'insérer dans la communauté, cela va devenir "la névrose d'échec" où le sujet apporte à l'avance les preuves de l'échec de sa future tentative. C'est aussi ce que le psychologue systémique Paul WATZLAWICK titrait avec son premier bouquin traduit : "Faites vous-même votre propre malheur !" En croyant à nos aliénations, nous nous y enfonçons au lieu de nous battre (sans haine et sans violence) en nous confrontant aux autres et en dépassant le message universel autocentré des angoissés : "J'existe, reconnaissez-moi !"



Notons que l'homme n'est pas qu'aliéné par le dedans mais aussi par le dehors, à savoir les pressions et la sélection sociale des nombreux déterminismes qui le conditionnent (sa famille, son milieu, son époque, sa formation, etc.…). Nous avons une toute petite marge de liberté pour nous libérer de nos fantasmes et des contraintes sociales. Comme l'homme, la société se prend pour quelque chose qu'elle n'est pas, car il y a une grande part d'imaginaire dans le social-historique. Si nous nous résignons à tous ces leurres ("RTL chez vous !"), nous n'utiliserons pas alors notre possibilité de raison. Cette petite porte par la réflexion désabusée peut fournir une étincelle, une lumière et, avec la volonté rationnelle, donner par elle-même une cohérence à notre choix de développement de notre autonomie potentielle. Quels sont les besoins modestes dont nous devons trouver la satisfaction, nous dit EPICURE, pour nous éloigner à travers le temps de notre aliénation consumériste ?



Quel est l'objectif ? Lorsque je discutais avec mes directeurs d'école de la psychologie relationnelle et des interactions prof/élèves indispensables pour la lutte contre l'échec scolaire, ils me répondaient avec la langue de bois instrumentalisée de l'institué : "on va acheter plus d'ordinateurs !", ce qui signifie qu'on va continuer à "faire plus de la même chose" mais surtout ne rien changer d'essentiel. Par exemple, selon Gregory BATESON (psychologue systémicien), le changement II consistera à mettre sur la porte d'un bureau la plaque "remédiations" alors que le type derrière la plaque n'aura aucune formation pour ce job. Le changement I, c'est lorsque l'on pose le problème autrement et que l'on s'ouvre ainsi à de vraies réponses. Le sens de l'école est d'épanouir, de former et d'émanciper l'apprenant et non en priorité de le sélectionner et de le disqualifier vers un enseignement de relégation. Une remédiation ce n'est pas, lorsqu'un enseignant a échoué à transmettre avec goût son message, mettre à sa place un autre blasé qui ne servira qu'à faire plus de la même chose. Par contre, arracher le faux-semblant de la plaque et recruter (au-delà du clientélisme) un pédagogue motivé et formé, c'est une solution simple…mais alors pourquoi le pouvoir n'en veut-il pas ?



Les hommes ont inventé les institutions pour se donner des règles leur permettant de vivre ensemble mais les sujets aiment à être dirigés et ne s'occupent pas du contrôle de ces structures; ainsi, la classe la plus avide (donc la moins apte) va occuper ce créneau : l'INSTITUE va s'octroyer de bons salaires, le cumul des mandats et moult avantages à vie, ce qui va énerver le peuple qui va se réveiller par une vague INSTITUANTE de révolte réclamant le progrès social et humain au lieu du statu quo néolibéral. Par peur de perdre son pouvoir par une révolution (i.e. une révolte qui s'organise), l'institué va négocier avec l'instituant un compromis (l'INSTITUTIONNALISATION), ce qui donnera ainsi un nouvel institué mieux adapté tandis qu'un autre instituant se reformera doucement dans la société.

Ce principe de la spirale dialectique n'est ni apologétique ni consolant (cela peut être une spirale qui s'enfonce dans l'aliénation) car ce mouvement de changer le conflit A>[5] sont toujours récupérés soit par le temps soit par le mirage du pouvoir imaginaire (Fidel CASTRO à Cuba par exemple), soit par la mort (El Che GUEVARA par exemple).



L'institué a intérêt à ne rien dire et à camoufler ses erreurs ou profits derrière la linéarité ("cela a toujours été ainsi !"). L'instituant n'a rien à perdre en disant le non-dit et il peut parler pour une fois d'autre chose que de lui-même en dénonçant ce qui est occulté par la pseudo-logique du pouvoir dominant et en créant les bases, toujours provisoires et changeantes, d'un monde utopique de l'instant, tout en sachant qu'il sera de toute façon laminé par le temps (ainsi que ses idées). Le challenge est de penser l'impensé du moment mais en veillant à ce que cela ne devienne pas des dogmes et/ou une structure rigide et adémocratique.



Qu'est-ce que la démocratie ?



Selon la définition d'André LALANDE : "la démocratie est l'état politique dans lequel la souveraineté appartient à la totalité des citoyens, sans distinction de naissance, de fortune ou de capacité."[6]



C'est l'ensemble d'une communauté qui s'émancipe de ses chaînes d'assujettis pour devenir des citoyens autonomes qui pratiquent le franc-parler et le tout dire (la parrêsia développée par Michel FOUCAULT) et qui n'acceptent pas qu'une poignée de technocrates s'auto-déclarent élus à vie par la manipulation d'élections obligatoires (en Belgique uniquement).sans consultation régulière de la population pour les évaluer et avec une pratique fort peu éthique (voyages en Californie "cadeaux d'entreprise" de la Région wallonne - Chirac aussi touchait ce genre de pot de vin avec frais de bouche -, financement d'affaires personnelles sur fonds publics, clientélisme, népotisme, succession par leurs enfants, arrangements pré-électoraux, etc. Les politiciens à vie créent une oligarchie là où ils devraient pour un temps unique et limité de cinq ans (le principe d'Athènes) être au service des intérêts de la chose publique comme représentants d'une démocratie effective avant de retourner faire leur business privé (soit un service civique, un peu comme le service militaire d'antant ).



"Les droits civiques, en premier lieu les droits de participation et d'expression politique, sont des libertés positives des citoyens. Ils ne garantissent pas l'absence de toute contrainte extérieure, mais la participation à une pratique commune sans l'exercice de laquelle les citoyens ne peuvent pas se transformer en ce qu'ils souhaitent être : les sujets politiquement responsables d'une communauté de sujets libres et égaux. En ce sens, le processus politique ne doit pas simplement permettre le contrôle de l'activité étatique par des citoyens qui, dans l'exercice de leurs droits privés et de leurs libertés prépolitiques, ont déjà acquis une autonomie préalable. Il ne remplit pas davantage une fonction de charnière entre l'Etat et la société, car, en démocratie, le pouvoir étatique n'est d'aucune façon une puissance originaire. Il provient, au contraire, du pouvoir fondé sur la communication, généré dans la pratique d'autodétermination des citoyens et se légitime par le fait qu'il protège cette pratique en institutionnalisant la liberté publique. Les citoyens libres et égaux s'entendent sur les objectifs et les normes qui sont dans l'intérêt commun de tous."[7]



Un grand syndicaliste liégeois des années 1960, André RENARD avait lancé l'idée d'un confédéralisme permettant aussi la prise en compte des citoyens wallons minoritaires mais avec un autre concept nécessaire à une gestion réellement démocratique : le "contrôle ouvrier" de l'agora. C'était du temps où le Parti Ouvrier Belge (POB) existait, aujourd'hui cette formation politique ayant laissé tomber le O d'ouvrier pour l'opportunisme d'une évolution vers le centre droite de la social-démocratique. Ce "n'importe quoi", pour avoir des voix, sera, selon les sondages, lourdement sanctionné aux prochaines élections du 07.06.2009 par la population non dupe de cette trahison affairiste. En effet, en enlevant OUVRIER de leur sigle, ils avaient déjà choisi à leur époque l'autre pôle de cette contradiction dialectique entre les travailleurs et le patronat.



"Athènes mérite bien de recevoir le nom de démocratie (dit Périclès), pourquoi ? Parce que, dit-il, la cité est administrée dans l'intérêt général, et non dans celui d'une minorité. Vous voyez qu'il est remarquable que Périclès ne définisse pas la démocratie par le fait que chacun peut parler et donner son avis, mais par le fait que la cité est administrée dans l'intérêt général. Périclès se réfère à ce grand parcours de la parrêsia où, à partir d'une structure démocratique, un ascendant légitime, exercé par un discours vrai, exercé aussi par quelqu'un qui a le courage de faire valoir ce discours vrai, assure effectivement que la cité prendra les meilleures décisions pour tous. La démocratie, au total, c'est bien ce jeu, à partir d'une constitution démocratique au sens étroit du terme qui définit un statut égal pour tout le monde."[8]







Ainsi, une pensée critique non aseptisée va de Hegel à l'Ecole de Francfort en passant par FOUCAULT, CASTORIADIS, SARTRE et bien d'autres, une mise en forme de la réflexion sociopolitique qui vise l'émancipation sociale et l'autonomie citoyenne. Appliquons l'enseignement des Lumières : aie le courage de te servir de ton propre entendement. SAPERE AUDE !



Les hommes assujettis sont maintenus dans un état de minorité non par la contrainte mais parce qu'ils aiment à être commandés et à se placer sous la direction des autres, disaient déjà Etienne de La BOETIE et Emmanuel KANT; les hommes sont mous et ne veulent pas se conduire eux-mêmes, ce qui laisse la place aux arrivistes politiciens. Il n'y a pas de putsch de prise du pouvoir; c'est bien plus grave : des gens avec une certaine avidité de pouvoir se présentent obligeamment pour diriger le pays et même si une grosse proportion de la population râle sur leur gestion, personne ne veut s'impliquer pour proposer une alternative plus créatrice. Cette attitude, la soumission à l'autorité néolibérale, a été étudiée par plusieurs chercheurs en psychologie sociale (Stanley MILGRAM, Jean-Léon BEAUVOIS, Serge MOSCOVICI,…). La critique de la raison nous invite à faire usage de notre propre conscience pour choisir de façon autonome nos conduites : sortir de la majorité silencieuse du troupeau et exercer partout où l'on est une activité critique face aux organisations et aux institutions. Au-delà de nos conditionnements sociaux, nous sommes responsables par confort et lâcheté; nous pourrions nous affranchir de ce semblant de démocratie molle et lénifiante.



"La paresse et la lâcheté, c'est ce par quoi nous ne nous donnons pas à nous-mêmes la décision, la force et le courage d'avoir avec nous-mêmes le rapport d'autonomie qui nous permet de nous servir de notre raison et de notre morale."[9] Il y a des amalgames entre l'obéissance et l'absence d'esprit critique ainsi qu'entre la vie privée et la vie publique. HABERMAS nous interpelle sur la colonisation de la vie privée; bientôt, nous serons tellement soumis que nous irons de nous-mêmes nous enfermer en prison pour des raisons normatives et imaginaires propres à l'époque donnée.

Obéir est confondu avec ne pas raisonner et la tolérance, dit KANT, c'est ce qui exclut la liberté de penser sous sa forme publique, la discussion sur l'agora.



Pour conclure avec la psychosociologie de la dynamique des groupes



Un humain élevé par des animaux ne sera jamais récupérable comme être humain après un certain âge, il lui manquera toujours l'imprégnation du modèle de son groupe d'appartenance (par exemple pour déglutir au lieu de laper). De même, une psychanalyse centrée sur le nombril d'un sujet ne réussira jamais son insertion sociale et à contrario, si nous isolons la sociologie de l'inconscient du sujet et des émotions, il n'y aura qu'un travail savant mais aucun impact sur le sujet. Pour nous, il ne peut y avoir que de la psychosociologie (que FREUD aborde dans son ouvrage "Totem et Tabou").



Dans tout groupe humain, il y a homéostasie. Par exemple en dynamique des groupes, lorsque l'on demande aux membres d'un groupe restreint quelle est la personne la plus populaire, ceux-ci désignent toujours le leader du moment. Mais si dans le même temps, on demande également quelle est la personne qui devrait réduire son influence pour permettre mieux celle du groupe, ce sera aussi le leader qui sera désigné, autrement dit, on demande toujours dans des petits groupes au chef "charismatique" d'en faire un peu moins et de ne pas prendre trop de place pour en laisser aux introvertis. Les résultats des prises de décision en petits groupes devaient être médités par les accrocs du pouvoir pour une saine répercussion sur notre société.



"Les différences d'opinion sont naturelles et attendues. Il faut les prendre au sérieux. On doit les rechercher, les provoquer au besoin, en amenant chacun à prendre part au travail de discussion et de décision. Les désaccords peuvent aider le groupe dans sa prise de décision, parce que, mettant en jeu une gamme plus étendue de jugements et d'opinions, ils augmentent la probabilité de rencontrer des arguments neufs et des solutions valables auxquels on ne pensait d'abord pas. Evitez le recours aux stéréotypes, aux solutions préfabriquées, et ne vous servez pas d'arguments d'autorité."[10]



En synthèse, les repères des gens sont éclatés (plus de confiance aux Eglises ni aux Partis), les grandes utopies de 68 ont disparu pour se voir nivelées par la consommation individualiste. L'identité est de plus en plus floue, ce n'est ni la psyché, ni le leurre de la réussite dans la société instituée mais un troisième niveau: le Soi d'un être existant dans ce qu'il fait (ses actions dans le microsocial du quartier ou du monde associatif). Je suis ce que je fais dans l'ici et maintenant, hier et demain n'existent pas et les intentions de mes actions peuvent s'inverser en leur contraire. Voilà notre modeste constat à l'échelle des fourmis cosmiques que nous sommes et lorsque nous disparaîtrons, personne ne parlera de nous parce que, comme les dinosaures, nous serons retournés à la poussière. Ce réalisme un peu pessimiste ne doit cependant pas nous empêcher d'étudier le monde et nous-mêmes et de travailler avec la raison à notre propre changement permanent, tout en vivant debout.



Le lâcher-prise WOU-WEI vis-à-vis des croyances politiques



"Les révolutions culturelles commanditées par Hitler, Staline, Mao ou Pol Pot ont été le fait d'intellectuels. Tant de haine ne s'alimente que de la haine de soi. Il n'y a pas de tyrannies qui ne naissent d'une sensibilité écorchée vive, d'une passion meurtrie : l'amour de la vie, hors duquel l'amour n'est que foutaise .La machine du profit fait de la planète une colonie pénitentiaire, un camp d'extermination géré démocratiquement où bourreaux et tortionnaires sont interchangeables et travaillent à leur anéantissement programmé. Les vieilles dictatures militaires, sacerdotales et policières ont fait leur temps. Le totalitarisme économique fonctionne avec les rouages de la démocratie parlementaire. Seule la corruption est représentative. Les élections sont le libre choix de la malversation." (VANEIGEM, Internationale situationniste

)[1][2]





Le constat de la gabegie et l'art de vivre



Les hommes sont fatigués de se battre pour un mieux être collectif constamment récupéré par les gens avides de pouvoir, les prêtres d'aujourd'hui que ce sont les politiciens [iii] Les politiciens nous dirigent mais ne nous représentent plus, même pas dans le creux de leurs discours sans âme..Ce ne sont pas les citoyens qui se sont désintéressés de la politique mais le contraire; ce sont nos institutions qui s'éloignent de leur raison initiale d'être pour encore cependant servir d'alibi à l'enrichissement personnel et à la gloire de technocrates européens qui parlent en notre nom sans nous connaître, comme des statistiques. D'un autre côté, les voix des sirènes du bouddhisme oriental nous invitent à ne plus croire en la réalité du monde et à nous renfermer dans des monastères pour cultiver l'égoïsme glacé du détachement des passions (fleurs de la vie), négationnisme de notre versant sensible et animal. D'un côté comme de l'autre, il s'agit d'un jeu de l'esprit (soit avec la face obscure de la pulsion sexuelle et la dominance sur les autres, soit avec le nirvana et le détachement des émotions qui nous font souffrir, la pulsion de mort). Entre les deux, existe une alternative, celle de la vie joyeuse sans nous tracasser tout en perfectionnant notre humanitude. A quoi bon vouloir changer le monde si nous ne sommes pas capables d'affronter nos désirs et nos conflits quotidiens ? Demain, comme le Pape, nous serons tous des égaux morts.



Comment puis-je croire que mes pensées soient miennes ? J'ai des perceptions qui sont des sensations (douleurs et bien-être, si l'on conscientise ces rares moments de non souffrance) et des émotions ou ressentis (qui peuvent devenir des sentiments construits) et aussi bien sûr la réflexion de ma raison mais biaisée par le corps avec lequel le cerveau doit composer. Notre cerveau nous ment constamment et nous fait par exemple ressentir une douleur de goutte au gros orteil même si la jambe a été coupée et cela a l'air tellement vrai. De même, lorsque nous vivons un évènement contradictoire avec nos aprioris, la "dissonance cognitive"(Léon FESTINGER[iv] ) va réinventer les souvenirs par une rationalisation opportune. Et il en va de même du sens de notre vie : ce n'est pas parce que nous ne croyons plus en Dieu que nous ne sommes pas toujours des croyants. L'Humanisme, les Droits de l'homme, la Lutte contre la faim du Tiers-monde, l'implication contre l'Analphabétisme ou l'Illettrisme, la Guerre contre le racisme et l'apartheid fait aux femmes, l'exploitation des enfants, etc.; toutes ces nobles idées nous constituent et parfois nous gâchent le moment présent. Est-il si immoral d'être normalement égoïstes sans pour autant nous désolidariser des autres ? Renan disait : " on attendait le Christ et c'est l'Eglise qui est venue" avec son moralisme surmoïque qui nous imprègne toujours.



Quelle volupté que d'être retraité. Je me lève vers 10h sans le stress du réveil matin journalier. Un "petit déjeuner" avec les yeux qui se reposent encore sur les beautés qui m'entourent : les huiles sur toile de mon flamboyant ami flamand Jacques ZIMMERMANN, les interrogations des masques et des objets africains qui répondent à la sérénité parfois ennuyeuse des Bouddha, la vie en vert qui bourdonne dans les plantes acclimatées (caféiers, palmiers, dattiers, baobabs, orchidées,…). Un long bain chaud relaxant, une méditation zen puis une trappiste en dégustant les réflexions de l'un ou l'autre philosophe ou sociologue. Pour ne pas être gourmand, je lis toujours plusieurs livres en parallèle, ce qui fait prolonge mon plaisir et affine la compréhension maturante. Et enfin j'écris pour le fun et l'envie de partager mes lourds articles de 5 à 12 pages que j'écris d'abord pour moi. Notons que j'adore aussi les grands vins, la bonne table et le sexe mais, comme le dit Epicure, pour ces besoins, il faut d'abord les moyens.



Hannah ARENDT[v] dans son ouvrage "La condition humaine", distingue le travail manuel (Labor) qui est aliénation, de l'œuvre sans contrainte qu'est peindre, écrire ou enseigner. Après avoir été quatre ans planteur en Equateur (au Congo-Zaïre), j'ai enseigné toujours avec la même passion pendant 36 ans, j'ai pris ma préretraite lassé de la bureaucratisation et du mythe du rendement quantitatif croissant de mon administration (et de ce nouveau dieu de "l'école virtuelle", un cauchemar pour les anciens et une insulte de bêtise à mon "savoir-faire grandir" par la psychologie relationnelle). Cependant, je reste toujours coach (conseiller psychosocial en développement personnel) et formateur d'adultes pour l'émancipation sociale.



Jeune, j'ai eu comme idole, Joseph WAUTERS avec sa magnifique sentence "pour que le peuple lise !"; c'était une croyance idéologique et je pourrais gloser toute une nuit obscure sur les turpitudes et malhonnêteté de ce parti PS qui était mon patron avec la collusion "passive" de l'appareil syndical inféodé. Népotisme, piston, clientélisme, détournements privés, pots de vin, voyages et frais de bouche (via l'aéroport de Charleroi), etc. Mais à quoi bon remuer les détritus, sinon pour s'incommoder soi-même de l'odeur putride des arrivistes.



Le WOU-WEI ou lâcher-prise est un concept taoïste qui nous invite à ne pas ressasser nos blessures et/ou les injustices vécues mais à respirer et passer outre. Le zen est complémentaire, il s'agit du meilleur du bouddhisme dégagé de sa lourdeur religieuse et magique pour se concentrer sur la méthode : s'arrêter de penser et sentir. Sentir son corps, la beauté qui nous entoure (la vie) et la chaleur des autres humains.



Après la lecture de HERRIGEL[vi][vii] sur la concentration du tir à l'arc, mes premiers contacts furent avec le tatami de l'AÏKIDO où je m'aperçus que les ceintures noires qui m'enseignaient les mouvements n'étaient pas très imprégnées de la philosophie zen et de sa méthode basique : la méditation. Et pourtant, le chemin était bien là : faire le vide dans sa tête, garder la fluidité du corps et poser avec sureté et rapidité le geste non-violent qui va immobiliser l'ennemi sans lui faire de mal. En effet, des enfants animés par la colère et qui se frappent ne contrôlent pas leurs mouvements tandis que le lutteur calme et sans passion (sans émotion) va frapper avec sa précision. C'est ce que je fais avec l'appareil gouvernemental dominant depuis 20 ans, le parti PS de centre droite pour que d'autres ne soient plus aliénés par cette idéologie faussement socialiste. Avec ma carrière derrière moi, je n'ai aucun enjeu et mon intérêt pour les générations futures est ma seule motivation pour lutter contre ces oligarchies qui se transmettent le pouvoir par descendances filiales.



Avec le clientélisme, les gens sont devenus apathiques car ils se croient redevables. On n'a jamais tant parlé de morale, de déontologie et de démocratie depuis que ces concepts récupérés sonnent creux en servant de couverture idéologique aux dominants. Le décret "Missions de l'école" de 1997 annonce nos idéaux comme objectifs généraux à atteindre mais sans en donner les moyens financiers, tout au contraire en refusant la responsabilité politique grâce aux enveloppes fermées : "débrouillez-vous entre vous avec ces miettes !". Mes yeux se sont dessillés face à l'hypocrisie scolaire et à une morale immorale déjà dénoncée il y a 40 ans par Pierre BOURDIEU[viii] et Jean-Claude PASSERON dans leur ouvrage "La reproduction du système d'enseignement". Nous sommes tétanisés par ce double langage de l'institué permanent PS en Wallonie qui gèle tous les changements mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de nouvelles formes instituantes en gestation. Que les libéraux (MR) protègent les grosses fortunes de l'impôt, tolèrent l'évasion fiscale et l'exploitation privatisée du Tiers-monde, c'est une norme annoncée dans leur programme tandis que ceux qui se revendiquent de la gauche historique font une gouvernance totalement tordue en tolérant les cumuls des mandats, le népotisme et l'enrichissement des intérêts particuliers de leurs princes au détriment de l'intérêt général.



"Les meilleures entreprises intellectuelles sont celles qui, avec insolence et, on peut l'espérer avec élégance, participent à la démolition d'un monde vermoulu. Cela se fait non dans le bruit et la fureur des vociférateurs, pas plus d'ailleurs dans l'arrogance de la pensée critique. Mais, d'une manière bien plus radicale, il s'agit d'un travail de sape qui, résolument, s'emploie à creuser ces galeries qui, bientôt, permettront l'effondrement de ces institutions totalement pourries, ou à tout le moins désuètes, prétendant régenter la vie sociale. Rien ni personne ne se reconnaît plus en elles. Et, pourtant, comme si de rien n'était, elles continuent à dire le droit, à édicter ce qui devrait être."[ix]



Il faut se battre pour abattre cet institué figé pour que puissent émerger la vitalité de la vie quotidienne et la créativité de l'homme sans qualité (sans expertise), il faut dénier le sens de cette occupation permanente pour permettre la renaissance des vagues instituantes. Les sectateurs de SHIVA perçoivent aussi l'autre face de KHALI, la destructrice. Pour prendre une analogie, il est nécessaire que les grands arbres morts soient abattus pour que les jeunes pousses héliocentristes s'épanouissent enfin au soleil.



Il n'y a plus de Dieu ni de transcendance (un scoop de NIETZSCHE) et il n'y a plus non plus d'espérance en un paradis terrestre (le communisme stalinien a engendré l'enfer idéologique : Pol pot, Fidel CASTRO,…) mais il y a la vie hic et nunc (ici et maintenant) dans l'éternel conflit de la nature et de la situation de l'instant.



La vie "est" provisoire, éphémère et dans la mouvance des évènements sociaux mais aussi physiques et cosmiques. Arrêtons de nous épuiser à vouloir changer le monde puis à constater nos idéaux récupérés par des arrivistes sans scrupule à chaque génération. A la place, vivons l'instant et la communauté en ne donnant plus de l'importance à cette puissance sclérosée (économique et politique, nous enseigne la crise de 2008) en arrêtant de soutenir ses tyrans aux pieds d'argile, disait Etienne de La BOETIE.[x] Nous ne devons plus ressasser ce que l'on aimerait qui soit mais nous détourner de ce système d'aliénation par le travail de la pulsion de vie pour créer à côté de nouvelles formes de la vie collective. La meilleure démarche de l'analyse institutionnelle n'est plus la lutte anti-institutionnelle (les syndicats sont infiltrés par l'entrisme du PS) mais la lutte contre-institutionnelle (Gandhi, Thoreau) dans une créativité à côté. Les papillons ECOLO qui veulent partager ce type de pouvoir vont se brûler les ailes dans des compromissions sans fin et sans autre but que le maintien de l'institué bétonné.



Retrouver ou réinventer une éthique pour vivre ensemble. De SHIVA à HERACLITE, l'art de vivre est de dépasser les glaciations destructions et les réchauffements-destructions pour sur cet amas de ruines de la "forme" (mœurs, coutumes, institutions bétonnées,…) reconstruire ce qui apparaîtra, toujours au début, comme une utopie. Utopie d'une nouvelle civilisation fécondante : changer l'obsession de l'accumulation quantitative et du POTLACH des signes ostentatoires de richesse pour retrouver un "sociétal" qualitatif et en permanence contrôlé par tous. Il ne s'agit plus d'avoir et être mais de retrouver les sensations de la nature avec la finesse de la science et de la raison (la dialectique de l'indéfini dionysiaque et de la mort acceptée).



Mais avec quelle morale sociale ? ou quelle nouvelle éthique ?



Pour réussir à vivre ensemble, il faut que les hommes se donnent des règles (des normes). Une nécessité aliénante que ces "tu dois ! et il faut !" mais incontournable pour une morale sociale. "La civilisation est construite sur la répression des instincts", nous dit FREUD et le coût est énorme en tension [xi] pour réfréner nos désirs d'être nous.



Nos obligations époquales deviennent très vite des habitudes de civisme. Un moi social, ensemble de nos obligations se surajoute au moi individuel. La solidarité sociale n'est possible que si nous avons des devoirs individuels envers les autres humains. L'homme est un être grégaire et la société est immanente au langage, ce qui fait que lorsque l'homme pense, c'est un peu comme s'il se parlait à lui-même, ce que nous appelons notre conscience. Cependant, nous ne faisons aucun effort de conscientisation pour ce conformisme aux règles, c'est un peu comme le conducteur d'une voiture qui conduit machinalement : nous nous conduisons automatiquement sur l'autoroute du devoir sans prendre l'initiative des chemins de traverse. Nous sommes insérés socialement par nos déterminismes hérités de nos parents et de l'éducation.



La prise de conscience partielle, c'est lorsque nous avons une hésitation entre vivre un désir ou conserver nos habitudes conformistes, une crise toujours très passagère, car nous résistons à nous-mêmes au nom de l'"obéissance ou devoir", nous dit BERGSON.[xii] Et pour résister au désir, nous faisons appel à la rationalisation, soit une instrumentalisation, un détournement de la raison. Notons cependant qu'un être intelligent peut agir sur lui-même par l'intermédiaire de sa raison en opposant à un désir convenu comme illicite l'idée d'un autre désir socialement accepté, ce que CASTORIADIS [xiii] appelle la sublimation d'une portion de la sexualité (vers l'art ou l'étude).



Une société est un système organisé qui implique une subordination d'éléments les uns aux autres. Il existe des groupes fermés sans apports extérieurs à la communauté (les fourmilières, les ruches, les associations d'anciens combattants), et des groupes ouverts (ouverts au changement contre-institutionnel, donc au changement des règles et à une acceptation des instituants).[xiv] On peut y trouver des qualités émergentes mais aussi toujours un substrat de contraintes, la nécessité des règles.



Dans une fourmilière, l'organisation est toujours invariable alors que dans la cité humaine, la norme des règles est nécessaire mais la structure de celles-ci peut être de formes variables, ouvertes à la créativité institutionnelle. Avec la faculté de parler, nous avons une fonction inventive de l'intelligence pour dépasser les obligations obsolètes et la liberté de choisir nos institutions pour passer du profit pour quelques-uns à une démocratie directe citoyenne, un jour ?

Avec l'intelligence, nous avons la possibilité (non héréditaire) de transmettre les acquis des générations antérieures et de progresser par les connaissances appliquées. Nous aurons cependant toujours des devoirs éthiques : respecter la vie et l'altérité de l'autre (les droits de l'homme). Lorsque ces exigences éthiques fondamentales font défaut dans la vie sociale, ce sera alors la guerre, la torture, le viol, le pillage, la perfidie et le mensonge. Nos morales sociales sont les socles de la cohésion communautaire mais, toujours selon ces concepts de système clos ou de système ouvert de la dynamique des groupes (psychosociologie), nous vivons depuis le XIX° siècle un système fermé sur le seul programme du néolibéralisme, le profit. Pourtant, le système ouvert alternatif d'une gauche socialiste associationniste serait plus crédible pour la rencontre des autres peuples de l'humanité que la collusion actuelle (au-delà de l'olivier), entre les libéraux et le PS.[xv]



Les changements I et II des émotions



Chaque chose, chaque évènement porte en lui son propre contraire (Yin et Yang). Il en va de même pour le concept d' émotion. Sans l'émotion, notre cerveau ne serait qu'un computer pesant éternellement le pour et le contre mais incapable d'opérer un choix (DAMASIO[xvi] ). Pourtant, il est utile de distinguer les émotions construites (par exemple les sentiments) des émotions causales, primaires.



L'émotion est un incitant qui invite l'intelligence à analyser plus profondément et la volonté à persévérer. L'émotion peut résulter d'une idée, d'une représentation mentale et donc être consécutive à l'analyse par la Raison, soit un état sensible produit par un état intellectuel. L'autre type d'émotion serait plutôt la cause motrice (et non l'effet) de la réflexion; elle a des potentialités de représentation mais sans forme préétablie, cette sensation est en lien avec l'interdépendance des développements organiques et de la nature.

La première est infra-intellectuelle (objet des psychologues), une sensibilité reflet de la représentation.

La seconde est supra-intellectuelle (objet des poètes et des méditants), une perception d'une antériorité dans le temps entre ce qui engendre à ce qui est engendré (la relation psychogénéalogique par exemple), illustrée par le koan zen : "Quel est le visage de votre grand-mère avant votre naissance ?". Ce type d'émotion (sans but) peut devenir génératrice de créativité.



Nous évoquons souvent la théorie de l'inconscient horizontal de Pierre JANET (base de l'analyse systémique de l'Ecole de Palo Alto) avec le cerveau gauche masculin et analytique (Yang) et le cerveau droit féminin intuitif et en connexion avec le corps et l'environnement (Yin). Il ne s'agit pas d'une distinction des vrais genres mâle et femelle puisque quel que soit notre sexe, nous avons les deux hémisphères cérébraux avec à la fois la raison et la sensibilité profonde. Notons en passant à ce sujet, que selon BERGSON[xvii], les hommes seraient plus sensibles et moins pratiques que les femmes, une façon de bousculer nos stéréotypes.



Il y a donc deux niveaux de l'émotion : celui qui est une sensibilité des plus hautes facultés de la pensée et que l'on nomme l'esprit critique qui comprend, discute, accepte ou rejette (cf. la partie de ces réflexions axée sur les partis politiques) et celui qui est en nous et qui invente/crée autre chose. En créativité intellectuelle à l'Université de Liège, on citait souvent le chercheur qui s'endort sans avoir trouvé de solution à son problème (trop cerné par des préjugés) et qui s'éveille au matin en criant : "EUREKA !". En effet, le cerveau poursuit son travail dans notre sommeil mais sans les entraves et préjugés représentationnels et le génie de la découverte, de la conscientisation peut ainsi émerger d'un seul bond, l'"insight" ou signal.



La problématique qui inspire notre intérêt est une représentation doublée d'une émotion due au plaisir de la recherche. Ce qui va ensuite parfois émerger comme émotion du second type sera la joie due à la perspective de solution et suscitée par un autre lieu que celui de nos représentations stéréotypées. L'esprit se sent alors créateur (HOLTON[xviii] ) parce qu'il ne poursuit plus le jeu de construction d'une unité composite (un jeu de légo) mais il se configure un nouveau système distinct plus cosmique que l'ancien. Mais l'"illumination"(zen) dure peut et si un temps l'arbre n'était plus lui et la forêt différente, la forêt va redevenir forêt conforme par nos habitus mentaux car nous allons à nouveau la rationaliser en concepts multiples et communs. Or, lorsque l'on découpe le tout en ses parties pour l'étudier, on en perd la dimension holistique.



Avec le cercle parfait, nous ébaucherons le mouvement en spirale. Nous commençons à penser par nous-mêmes et une émotion en résulte (s'y surajoute) puis à force de côtoyer nos représentations et de les interroger pour travailler notre pierre, nous dégageons un autre type d'émotion, présente virtuellement dans les représentations et qui éclot comme cause, une émotion intense et banale, vide de toute représentation avec juste la perception "de ce qui est". Quelque chose d'évanescent que l'on respire, qui nous pénètre depuis l'intérieur et dont nous nous souviendrons seulement du parfum !"Ce qui est en haut est ce qui est en bas" disait JUNG à partir des éléments alchimistes (terre, eau, feu, air) : l'esprit secrète la conscience et la pression des obligations morales et les extrémités de la contradiction de vie s'interpénètrent comme un anneau de Moëbius.

Pression et aspiration, l'esprit prend contact avec la terre nature, la force du vouloir vivre. Nous quittons alors la représentation d'une société qui ne vise qu'à se conserver, le plaisir/déplaisir pour le détachement jubilatoire, la morale pour l'éthique, l'enthousiasme et la joie.



Pour ne plus conclure



Ce sera par la Raison que nous passerons du système des groupes clos et de prébende à l'humanité avec le concept de la dignité de tous et du respect de la personne humaine quelle qu'elle soit (enfant, femme, exclu, sans-papier,…). Peut-être, grâce à la crise de 2008, irons-nous vers un progrès par bond où, après cette lente désorganisation globale par l'économie amenant l'homme à privilégier ses proches en considérant les hommes des autres contrées comme des ennemis, il y aurait un changement de cap ? Intellectuellement en tout cas, nous savons aujourd'hui que nous faisons tous partie d'une seule espèce humaine. Notre avenir est de passer des pressions des obligations morales ou moralisantes à un choix libre et partagé d'une éthique vis-à-vis de toute l'humanité.



Auparavant, l'homme faisait corps avec sa société pour la conservation sociale et par la pression morale. L'homme étant par nature égoïste et donc tourné vers lui-même, il était difficile que l'intérêt particulier s'accorde avec l'intérêt général. On ne pourra plus réformer ce système, il nous faut changer de système. Les âmes des politiciens élus par eux-mêmes à vie sont refermées dans un système clos, celui de paraître pour le clan, de se concurrencer en interne et de profiter de la crédulité des électeurs et des aliénés du travail. Outre le cumul des salaires de plusieurs mandats, les politiciens reçoivent des bakchichs sous forme de "voyages et de frais de bouche".



"L'établissement d'un principe est son institution au commencement de l'époque pour laquelle il servira d'ultime recours et que par là il dominera. Mais si les établissements qui nous sont légués se laissent dire et questionner surtout quand ils plient, alors nous connaissons l'histoire d'abord par ses revers. Les revers de l'histoire produisent son intelligibilité. Ce qu'une époque estime suprême, le code qui fait tenir ensemble les activités et les discours dans lesquels elle se reconnaît, se manifeste dans les crises où il se renverse. Il devient pensable quand se détend son emprise."[xix]



L'alternative à un groupe institué fermé de profiteurs (ne siégeant que rarement dans les chambres tout en étant payés pour) est donc l'âme ouverte sur le monde, l'accueil du changement et l'amour de l'humanité; cette forme ne dépend en rien de son contenu (à remplir par les citoyens en mode de démocratie active). Pour les chrétiens du temps jadis (et aussi pour les musulmans non islamistes fondamentaux), l'amour désintéressé du prochain et la pratique de la charité étaient des vertus. Actuellement, dans notre monde laïque (coexistence des religions et des athées), le vœu pour une alternative peut être vide d'action concrète dans ce premier temps puisqu'il s'agit d'une attitude envers les autres vivants de la terre, un mouvement naissant, qui deviendra comportement et chassera les marchands et les politiciens du temple d'une humanité fraternelle protégeant l'équilibre de la terre pour les futures générations.



Lâchons prise donc à cette voie intériorisée du surmoi qui nous pompe l'air avec ces "il faut que tu fasses !" pendant que les avides s'enrichissent. Utilisons nos sens pour voir le cœur des choses, sentir le vent et l'odeur de la pluie, goûter du Margaux et entendre du Purcell et faisons la seule chose importante dans une si courte vie, vivons sans haine l'instant. J'écris parce que c'est mon plaisir et c'est en faisant ce que j'aime sans contrainte que je peux être le plus utile à mes frères humains, nous dit SPINOZA. Pour comprendre le détachement, il faut être détaché.



"Au fond le plus caché de son être, l'homme n'est véritablement que quand, à sa manière, il est comme la rose – sans pourquoi. Nous ne pouvons pas poursuivre ici cette pensée plus loin."(Maître ECKHART et Martin HEIDEGGER)



Jean-Marie LANGE, formateur d'adultes GAP,

21 juin 2009, solstice d'été.



[1] COMTE-SPONVILLE André, Le miel et l'absinthe, Paris, Ed. Hermann, 2008, p.161.



[2] CASTORIADIS Cornélius, Histoire et création, Textes philosophiques inédits (1945-1967), Paris, Seuil, 2009, p. 159.





[3] Film de Xavier GIANNOLI, 2005.



[4] CASTORIADIS C., Histoire et création, ibid., p.158.

[5] "Le révolutionnaire se définit par le dépassement de la situation où il est. Et parce qu'il l'a dépasse vers une situation radicalement neuve, il peut la saisir dans son ensemble synthétique ou, si l'on préfère, il la fait exister pour lui comme totalité. C'est donc à partir de ce dépassement vers l'avenir et du point de vue de l'avenir qu'il la réalise. Au lieu de lui apparaître, comme à l'opprimé qui se résigne, comme une structure a priori et définitive, elle n'est pour lui qu'un moment de l'univers. Puisqu'il veut la changer, qu'il la considère tout de suite du point de vue de l'histoire, et se considère lui-même comme agent historique. Ainsi, dès l'origine, par ce projet de soi vers l'avenir, il échappe à la société qui l'écrase et se retourne vers elle pour la comprendre : il voit une histoire humaine qui ne fait qu'un avec le destin de l'homme et dont le changement qu'il veut réaliser est, sinon le but, du moins une étape essentielle." SARTRE Jean-Paul, Situations philosophiques, Paris, coll. TEL, Gallimard, 2005, p. 110.



[6] LALANDE André, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1980.



[7] HABERMAS Jürgen, L'intégration républicaine, Essai de théorie politique, Paris, Fayard, 1998, p. 261-262.

[8] FOUCAULT Michel, Le gouvernement de soi et des autres, Cours au Collège de France, 1982-1983, Paris, Gallimard, Seuil, 2008, p.162.

"Parrêsia (est) cet acte de parole, par lequel on proclame l'injustice en face d'un puissant qui a commis cette injustice, alors que soi on est faible, abandonné, sans puissance, cette récrimination d'injustice lancée contre le puissant par celui qui est faible, eh bien, c'est un acte de parole, c'est un type d'intervention parlée qui est répertoriée, ou en tout cas qui est parfaitement ritualisé dans la société grecque, mais également aussi dans un certains nombres de sociétés.(…) Il y a un puissant qui a commis une faute; cette faute constitue une injustice pour quelqu'un qui est faible, qui n'a aucun pouvoir, qui n'a aucun moyen de rétorsion, qui ne peut pas réellement combattre, qui ne peut pas se venger, qui est dans une situation profondément inégalitaire. Alors que lui reste-t-il à faire ? Une seule chose : prendre la parole et, à ses risques et périls, se dresser devant celui qui a commis l'injustice et parler.", ibid. p. 124-125.



[9] FOUCAULT M., ibid., p. 32.

[10] MOSCOVICI Serge (dir), Psychologie sociale, MOSCOVICI S. et DOISE Willem, Les décisions en groupe, Paris, PUF Fondamental, 1990, p. 227.

[1] VANEIGEM Raoul, Entre le deuil du monde et la joie de vivre, Paris, Verticales, 2008, p. 140-141.





[iii] BAREL Yves, La société du vide, Paris, Seuil, 1984 : "Nous vivons une étrange époque où la réalité du pouvoir économique repose en partie sur l'exercice d'une "compétence" politique, alors que l'on persiste à justifier ce pouvoir à partir d'une rationalité économique, dont on cherche par ailleurs à montrer le lien avec une rationalité scientifique et technique. L'Expertise technico-scientifique et la rationalité économique sont les paravents d'un pouvoir politique qui se définit par son arbitraire qui rend nécessaire l'invisibilisation de la dimension politique du pouvoir économique, le recours à l'idéologie de la compétence technico-scientifique et, d'une manière générale, la discrétion à l'égard de la repolitisation de l'économie."(p.57)



[iv] FESTINGER Léon, A theory of cognitive dissonance, Evanston, Ill., Row, Peterson, 1957.



[v] ARENDT Hannah, La condition humaine, Paris, Pocket, 2003 : " Le phénomène du conformisme est caractéristique de cette dernière étape de l'évolution (…).L'essentiel est que la société à tous les niveaux exclut la possibilité de l'action, laquelle était jadis exclue du foyer. De chacun de ses membres, elle exige au contraire un certain comportement, imposant d'innombrables règles qui, toutes, tendent à "normaliser" ses membres, à les faire marcher droit, à éliminer les gestes spontanés ou les exploits extraordinaires."(p79).



[vi]

[vii] HERRIGEL Eugen, Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc, Paris, Dervy, 2002 : " J'appris à m'absorber avec une si parfaite quiétude dans l'acte respiratoire que j'avais parfois la sensation, non pas de respirer moi-même, mais, quelque étrange que cela puisse paraître, d'être respiré."(p.43).



[viii] BOURDIEU P., & PASSERON J.Cl., La reproduction, Eléments pour une théorie du système d'enseignement, Paris, De Minuit, 1970.



[ix] MAFFESOLI Michel, Le réenchantement du monde, Paris, Coll. Tempus, Perrin, 2009, p.20.



[x] HEM DAY, Aperçu sur la Vie et l'œuvre de Etienne de La Boëtie suivi du Discours de la Servitude Volontaire, Bruxelles, Pensée et Action : "Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez ou l'ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre."(p.26).



[xi] TISSERON Serge, Vérités et mensonges de nos émotions, Paris, Albin Michel, 2005 : "La fiabilité du partenaire émotionnel intériorisé que chacun porte en lui dépend de son histoire personnelle. Ceux qui ont bénéficié" d'interlocuteurs émotionnels réels – que ce soit dans leur prime enfance ou à l'âge adulte – ont tendance à faire confiance à leurs états d'âme. Au contraire, quand un enfant a grandi dans un environnement peu attentif à ses émotions ou qui en a fait alterner brutalement des contradictoires, il devient souvent un adulte peu sûr de lui. Il craint de ressentir des émotions inadaptées ou inconvenantes et de se faire rejeter s'il les manifestait."p. 35-36.



[xii] BERGSON Henri, Les deux sources de la morale et de la religion, Paris, PUF, 2008.



[xiii] CASTORIADIS Cornélius, L'institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1975.



[xiv] LOURAU René, La Clé des Champs. Une introduction à l'analyse institutionnelle, Paris, Anthropos, 1997 : "(L'instituant de l'analyse institutionnelle) voudrait libérer les potentialités ou les virtualités d'une situation par rapport à l'institué; il voudrait mettre en place les dispositifs d'une alternative à l'institué, par l'émergence des forces et des formes instituantes. Mais le ressort pulsionnel de l'idéologie hégémonique mondiale s'exerce à travers la terreur nucléaire, la quasi-souveraineté de l'impérium américain, le développement du sous-développement, les conflits ethniques, le chômage, la précarité et la psychoterreur dans le travail, les pandémies humaines et animales. Cette idéologie rabat la stratégie contre-institutionnelle sur une image déformée de notre courant perçu tour à tour ou à la fois "utopiste" ou "dangereux."(p.89.)



[xv] GENEREUX Jacques, La dissociété, Paris, Points Essais, 2008 : "Quelques pionniers du socialisme concevaient le progrès social comme un compromis entre l'aspiration à l'autonomie individuelle et la nécessaire association des hommes. Or, à la fin du XIX° siècle, cette piste de réflexion a régressé au" profit" (..) de la dérive néolibérale de la gauche européenne (même économisme, même productivisme, même déterminisme historique).(…) Le socialisme a renoncé à proposer un modèle de civilisation vraiment différent de celui de l'ultralibéralisme et du néolibéralisme.

Le socialisme a alors, et pour longtemps, enterré le programme de recherche alternatif ébauché par ses pionniers, à savoir : Comment refonder la société sur une conception plus juste de ce qu'est l'être humain, c'est-à-dire qui intègre pleinement son essence sociale ?'(p.368-369).



[xvi] DAMASIO A.R., L'erreur de Descartes, La raison des émotions, Paris, Odile Jacob Sciences, 1995.

DAMASIO Antonio R., Spinoza avait raison. Joie et tristesse, le cerveau des émotions, Paris, Odile Jacob, 2003.

DAMASIO A.R., Le sentiment même de soi. Corps, émotions, conscience, Paris, Odile JACOB, 2007.



[xvii] BERGSON Henri, Les deux sources de la morale et de la religion, Paris, PUF, 2008 : " La femme est aussi intelligente que l'homme mais elle est moins capable d'émotion, et si quelque puissance de l'âme se présente chez elle avec un moindre développement, ce n'est pas l'intelligence, c'est la sensibilité."(p.41).

Note critique de bas de page de Frédéric Worms : "Bergson va à contre-courant des thèses affirmant que la femme a davantage développé que l'homme la sensibilité. Il affirme au contraire que la femme a autant développé l'intelligence que l'homme mais a moins développé sa sensibilité parce qu'elle l'a restreinte à des objets plus limités, notamment à travers l'instinct maternel. Tout se passe comme si Bergson réservait l'instinct aux femmes et l'intuition aux hommes, de façon à définir une sphère propre à "l'intuition philosophique". Mais il concède également aux femmes une capacité d'intuition qui s'enracine dans leur instinct de protection."(p.390)

Nous ne sommes en aucun cas d'accord avec cette allégation, la clinique en psychologie a démontré que les instincts n'existaient pas chez les hommes (par exemple les dénis de grossesse), existe juste l'attachement réciproque de la mère et de son bébé, bien étudié par CYRULNIK.



[xviii] HOLTON G. L'imagination scientifique, Paris, Gallimard, 1981.



[xix] SCHÜRMANN Reiner, Le principe d'anarchie. HEIDEGGER et la question de l'agir, Paris, Seuil, 1982, p.42.

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