Brève du GAP :"Au cœur des ténèbres de notre propre âme collective" (Joseph CONRAD)
l'extrème-droite et l'exploitation du Tiers-monde
Avant-hier, 22 juillet 09 aux JT, on a pu voir des jeunes cons limités intellectuellement faire une propagande raciste anti-noir dans l'Etat du Texas; l'argument des militants du MNS Mouvement Nationaliste Socialiste : "Les noirs rouspètent toujours !". Ces petits cramés du cervelet en singlet arboraient des drapeaux nazis, des photos d'Hitler en criant, le bras droit levé Heil Hitler ! Ce sont peut-être des nostalgiques de la dynastie texane des BUSH, les sots. Barak OBAMA, Président noir des United Stades n'est pas sorti de l'auberge avec cette Amérique profonde là.
L'Afrique profonde
Gérer une plantation de palmiers à huile avec un personnel de 2000 travailleurs nécessite d'être partout sur les lieux pour vérifier si tous les fruits mûrs sont coupés. A l'aube, avant le travail, les coupeurs allument des petits feux pour se réchauffer des 30°C du petit matin en faisant cuire quelques Mpofous (fruits de palme) sous la cendre. Avec ma machette, je passe mes troupes en revue, comme Napoléon, en discutant avec tous et en partageant l'un ou l'autre fruit grillé, accroupi près d'un feu. La machette n'est pas pour partager le travail mais pour me défendre des serpents tels les mambas noir et vert, les vipères cornues ou du Gabon (un mètre de long), les najas, serpents minutes et autres saloperies que je rencontre au moins une fois par jour.
Marcher dans un cours d'eau en forêt au Congo évite de se tailler un chemin à la machette dans les lianes enchevêtrées (et de recevoir un de ces serpents qui se laissent tomber sur les épaules de celui qui trace un layon au pantomètre). Mais cet avantage des petites rivières de brousse avec de l'eau jusqu'aux mollets implique de fumer le cigarillo pour se délivrer des sangsues qui s'accrochent du cou aux chevilles par paquet.
Notons qu'en d'autres endroits, ce n'est guère mieux, par exemple se promener dans une savane herbacée et être attaqué par les tiques qu'il faut arracher précautionneusement avec leur tête (maladie de Lime) ou glisser lors d'un orage sur une échelle humide et glissante ou glisser dans la caillasse des roches du pays DOGON (Mali). Rouler dans le désert du Mali avec des pistes à peine visibles et qui se divisent sans cesse et sans âme qui vive et sans boussole, lorsque la tempête de sable se lève, ce n'est pas la joie. OU encore manger une viande suspendue toute une journée aux nuées des grosses mouches à merde ou manger des œufs mal cuits donneront comme souvenir la fièvre typhoïde ou une amibiase.
Les touristes qui fréquentent des palaces construits pour eux ne rapporteront pas ce genre de trophée, ni non plus les voyageurs humanitaires avertis et bien équipés (sérum antivenimeux, traitements antipaludéens, régulateur de flore intestinale, etc.); par contre, les autochtones y seront sensibles. La malaria tue en Afrique plus que le sida (promotionné par le Pape Ratzinger : "Pour aller au ciel, sans préservatif, vous y seriez déjà !").
L'Afrique de la beauté
Il y a aussi cependant le soleil et le calme, les tuku-tuku (vélomoteurs à huile) et la poussière, la crasse, la pollution des sachets plastiques noirs et la misère constante, des facteurs qui nous obligent à un autre voyage en interne: réfléchir sur la vie indécente de la plus grande partie de l'humanité. Indécente non pas parce que, dans certains lieux où il ne pleut plus, les gens sont nus, mais indécente car leurs corps sont marqués par les stigmates de la faim. Côtes saillantes, cuisses fondues, gros ventre du Kawasinor, traits creusés, orbites enfoncées et mouches collantes partout. A part les mouches, on peut comparer la population de certains villages qui se meurent avec des photos des camps de la mort des nazis.
Est-ce que les pays riches ne pourraient se sentir concernés par ces génocides de la faim ? Est-ce que le PAM (Programme Alimentaire Mondial – ONU) ne pourrait aussi couvrir les régions reculées où les routes n'existent plus ?
Est-ce que notre petite association d'aide humanitaire le GAP ne pourrait être soutenue par quelques subsides de la coopération belge au développement à ajouter aux quelques centaines d'euros qui nous permettent de monter à pied dans les collines du Burundi pour rencontrer des villageois motivés par nos projets d'autonomie alimentaire, par la gestion de l'eau et des bases culturales simples et logiques et sans pesticides ? Des villages DOGON que nous avons visités au Mali il y a 20 ans ont disparu car sans pluie et sans aide pour survivre dans un Sahel de plus en plus sec où les coutumes s'effilochent (comme des vêtements usés qui pourrissent sur le dos des enfants).
J'aime le continent africain car les gens que j'y rencontre m'apprennent à vivre. Il y a une pauvreté telle que la mort n'est jamais loin mais aussi une joie de vivre sans fard alliée à une sincérité étonnante. Avec des amis africains, ne posez pas de question dont vous ne voulez pas entendre la réponse car elle sera très souvent des plus sincères. De même, nos amis africains n'ont que faire de notre pitié et de nos aumônes mais peuvent jouer avec nous pour un projet concret, ludique et fructueux qu'ils abandonneront s'il faut faire des rapports ennuyeux. Voilà ce que les sangsues et ma sueur m'ont appris. Nos projets intégrés GAP sont du même tonneau : simples et discrets sans se prendre au sérieux donc sans devenir des missionnaires sentencieux.
En Europe, lorsque des jeunes désœuvrés taguent le mobilier urbain ou les murs des citoyens, ils sont condamnés à des tâches d'intérêt général; aux Etats-Unis, fumer dans un aéroport ou bien dépasser la ligne jaune est passible d'emprisonnement mais pas d'afficher publiquement une manifestation de haine raciale. Chez nous, avec Les Territoires de la mémoire (le triangle rouge) et par respect envers tous ceux qui sont morts par les mains du fascisme et du nazisme, c'est là que s'arrête notre grande valeur de la liberté d'expression. Gageons qu'un jour l'Amérique deviendra civilisée et qu'elle aura une sécurité sociale pour la dignité de tous et mettra en prison ces excités de la haine et de la méchanceté.
Jean-Marie LANGE
24.07.2009
vendredi 24 juillet 2009
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