dimanche 23 août 2009

Le droit des femmes...commentaire

« Alors, où est-ce que cela dérape ? »

Très bonne question, Jean-Marie… ;)

Ne sommes-nous pas malades des mots, des concepts, de la croyance, de la raison… ? J’en reviens toujours au début. Quel est le fondement d’une égalité présumée entre hommes et femmes ? Cette égalité n’est-elle pas qu’un simple concept culturel et de droit ? N’est-il pas inscrit quelque part dans nos gènes que la coexistence durable entre deux êtres (ce pourrait être 2 hommes ou 2 femmes, même deux amis) passe toujours par l’établissement d’un rapport croisé et subtil de forces ? Pas forcément une relation hiérarchique globale (où l’un domine l’autre) mais plutôt une répartition tacite des rôles où, en fonction de ceux-ci, l’un des deux est tantôt dominant, tantôt effacé…Et le discours féministe radical ne me convainct nullement. OUI à 100 % au discours légitime et revendicateur d’une Simone de Beauvoir ou d’une Elisabeth Badinter, mais NON aux délires des Chiennes de garde !

J’ai assisté il y a 2 ans à une intéressante conférence à l’Ulg sur le thème : « Qu’avons-nous fait de la libération sexuelle ? ». J’avais rédigé à l’époque quelques réflexions basées sur des compilations. Je les livre ici.
« Contradictions : Nous sommes de plus en plus souvent encadrés par une double obsession sexuelle. D’un côté, des mots d’ordre radoteurs sur l’obligation de jouir, abusivement dénommée « épanouissement » ; de l’autre, le rappel à la dignité féminine, bafouée par les atteintes sexuelles non désirées et dont on ne cesse d’étendre le champ. D’un côté on s’emploie à dé-moraliser la sexualité et de l’autre on réinvente la notion de sacrilège sexuel. »
« Victimisation et judiciarisation du fait sexuel. La nouvelle figure héroïque n’est plus le battant ou la battante, c’est la victime qui se déclare sans défense. Lorsqu’une femme a été victime d’un viol, elle n’entend qu’une chose dans la bouche des autres, des experts, des juges, de la société dans son ensemble : qu’elle est détruite, qu’elle est morte psychiquement. Alors, il est probable que la victime épouse ce destin, qu’elle ressemble à cette victime dont les autres ont construit l’image. Cette question de la portée du crime sexuel en tant qu’atteinte psychique et non plus atteinte à la morale ou à la liberté sexuelle a eu des effets catastrophiques. Cette démarche victimiste n’est toutefois pas sans avantages :la femme prend peu à peu le statut de l’enfant, faible et impuissant. On en revient aux stéréotypes de jadis quand les femmes, éternelles mineures, en appelaient aux hommes de la famille pour les protéger. A ceci près qu’il n’y a plus aujourd’hui d’homme pour les protéger. C’est la porte ouverte à beaucoup d’abus et à la judiciarisation du fait sexuel. C’est ainsi qu’on a pu dire que 10 % des Françaises sont agressées physiquement par leur conjoint et que 37 % des d’entre elles se plaignent de pressions psychologiques sur base de questions telles que : « au cours des 12 derniers mois, votre conjoint a-t-il critiqué ou dévalorisé ce que vous faisiez ? » Aux USA, Mary Koss avait demandé à 3000 jeunes filles : « Vous êtes-vous livrée à des jeux sexuels (caresses, baisers, pelotage, mais pas de relation sexuelle) alors que vous ne le souhaitiez pas parce que vous avez été submergée par les arguments et les pressions continuelles d’un homme ? » 53,7 % ayant répondu par l’affirmative furent comptées comme des victimes sexuelles. En France, 23 % des personnes détenues l’étaient en 2005 pour délits de nature sexuelle (9 % en Belgique). En France, 50 % des délits jugés sont de nature sexuelle. »
« Culturalisme ou naturalisme ? Simone de Beauvoir avait dynamité les barreaux de la prison des femmes en remettant le biologique à sa juste place : la seconde (autrement dit, avec les stéréotypes sexuels déduits de la toute-puissance nature). Certaines féministes font maintenant mine d’ignorer que cette modification révolutionnaire du droit avait, à juste titre, sanctionné le primat de la culture sur la nature. Or, on revient au naturalisme en sanctifiant à nouveau le rôle maternel (l’idéal maternel refait son apparition pour justifier la supériorité morale des femmes), la nature meilleure des femmes par rapport aux hommes, (« les femmes ont plus les pieds sur terre », dixit Martine Aubry, ou « moins soucieuses de leurs ambitions personnelles, les femmes foncent avec courage pour faire aboutir leurs dossiers », dixit Simone Weil) à l’appui d’une défense de la parité politique. Les femmes s’approprient aussi la reproduction (femmes attachées à leur enfant et qui délaissent leur mari). A entendre de nombreuses féministes, les droits de la féminité (la revendication de la différence) seraient menacés : on communautarise les sexes comme on le fait des populations immigrées au lieu de revendiquer l’égalité dans la différence qui implique un considérable progrès de l’humanité. »

L’ « amour », invention somme toute récente, fait aussi des ravages. A force d’être mis à toutes les sauces, ce mot ne signifie plus rien. Personnellement, je lui préfère, et de loin, la triade : « affection, compréhension et complicité » ! Je ne résiste pas au plaisir de citer un extrait du livre « Qu’avez-vous fait de la libération sexuelle » de Marcela Iacub, juriste, chercheuse au CNRS. Dans cet extrait, une femme libérée s’adresse à son amie :
« Je vais te dire quelque chose, Louise : ce qui casse, ce qui tue, ce n’est pas le sexe, mais c’est le fait de tomber amoureux. Il n’y a que cela pour te remplir d’humiliation la vie entière. Il faut interdire les romans d’amour, bannir tous les films qui parlent d’amour, et surtout cesser de dire aux enfants et aux adolescents que l’amour est une sorte d’aubaine, quelque chose pour lequel il semble nécessaire de vivre. Voilà la vérité. On oublie que, si les femmes ratent très souvent l’opportunité d’être autonomes, de faire carrière, etc…, ce n’est pas à cause du sexe, mais parce qu’elles tombent stupidement amoureuses d’un homme qui les comble( ?) et avec qui elles veulent faire des enfants. Voilà la véritable origine de leur aliénation. Je suis d’accord avec toi pour qu’on n’oblige pas quelqu’un à avoir des rapports sexuels s’il ne veut pas. Mais je pense qu’il serait bien, dans notre société, que l’on puisse considérer que le sexe est une chose parmi d’autres au sujet de laquelle on a le droit de faire des accords, des contrats. J’ai décidé, comme je te l’ai dit, d’avoir autant d’amants que je voulais, sans rien attendre d’autre des hommes que le plaisir et l’amitié. Et, loin de me mépriser, les hommes m’ont respectée et aimée et j’ai tellement humilié ceux qui me prenaient pour une salope que je crois qu’ils ont retenu la leçon… ». Ca, ça a d’la gueule, je trouve ! ;) Non ?

Quant à ton avis sur le mariage, Jean-Marie, je le partage à 100 %, …et je suis marié depuis 38 ans !

Michel

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